jeudi 10 avril 2014

Sugar babies et dadies : la prostitution en "arrangements"

La présentation du site « seeking arrangment » donne la nausée. Comment croire à leur concept de « relation mutuellement avantageuse » ?

L'avantage pour l'homme : ne pas avoir à draguer pour avoir une relation sexuelle, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Pour espérer des "cadeaux" équivalant à 1000 à 7000€ par mois, bien naïve celle qui pense seulement aller regarder les étoiles...

L’avantage pour la jeune femme : heu... Avoir de l’argent ? Peut-on vraiment parler de relation avantageuse quand on vend son corps avec les conséquences physiques et psychologiques que cela entraine ?

Surtout que l’argent est censé servir pour payer les études des sugar babies, mais la prostitution est un engrenage, et ces babies risquent fort d’abandonner leurs études en raison d’un proxénète qui les aura repérées ou tout simplement à cause de la violence de ces viols tarifés.


Une des volontés affichées du site : qu’il n’y ait plus de déséquilibre entre les deux personnes dans une relation. Mais la relation de prostitution est la plus déséquilibrée qu’il soit ! Une personne achète l’autre et la soumet à ses désirs, elle est toute-puissante car elle a l’argent, et l’autre est contrainte de faire ce qu’on lui demande car on la paie. Et pourquoi la paie-t-on ? Parce que sinon elle ne serait pas là, et elle n’aurait pas de relation avec cet homme.

Ce site, de plus renforce les clichés : l'homme plus âgée et riche, la femme jeune et belle. Ce que notre société a toujours de sexiste et patriarcal s’exprime totalement dans cette vision de la relation. Les filles n'ont d'intéressant que leur physique, l’homme reste la figure du mâle dominant qui a le pouvoir grâce à l’argent.

Ce site vise particulièrement les étudiantes. À ce sujet, une enquête de l'Amicale du Nid a été à Montpellier, citée dans le rapport n°1558 de l’Assemblée nationale par la députée Maud OLIVIER
"Une enquête réalisée par l’Amicale du Nid de Montpellier auprès de 651 étudiants de l’Université Montpellier III interrogés en 2010 montre  par exemple que 13 d’entre eux, soit 2 % des répondants, avaient accepté de l’argent ou autre chose en contrepartie d’un acte sexuel. D’après les représentantes de l’association entendues par la commission spéciale, cette part serait désormais de 4 %. »



La thèse d’Eva Clouet montre que les motivations des étudiant-es qui se prostituent sont toujours le besoin d’argent. En clair, le viol tarifé est une contrainte économique, et non un amusement ou un moyen de rencontrer des hommes pour de bons moments.

À Montpellier, ce sont déjà 70 femmes inscrites en tant que Sugar Babies alors que le site vient d'arriver à France. Or, avec environ 93 000 étudiant-es et beaucoup de précarité, il peut être une tentation pour les jeunes femmes. C'est pourquoi il est important d'informer et de faire de la prévention (ce que fait l'Amicale du Nid, qui présentait hier son étude sur la prostitution étudiante hier à 19h sur Radio Campus), car, contrairement à ce que certain-es peuvent croire, la prostitution n'est pas une partie de plaisir. Elle tue physiquement, en passant par tous les degrés de violence (coups, blessures involontaires ou volontaires, et être pénétrée quand on n'en a pas envie est douloureux), elle tue psychiquement : l'estime de soi est malmenée, ce qui peut aller jusqu'à la dépression ou au syndrome de stress post-traumatique (comme les soldats états-uniens revenus de la guerre du Vietnam). Et elle tue socialement : on n'ose pas en parler autour de soi, on s'isole, alors qu'on souffre. 

Ce site représente un danger car il est une porte ouverte à la prostitution, qui est malheureusement déjà trop présente pour qu'il n'ait pas besoin d'en faciliter l'accès en la présentant sous le vernis d'un arrangement bénéfique pour chaque partie.



  site de rencontres, il réunit des
La Gazette - 10 avril 2014




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