LÉA A VU LE LOUP ?
NON, ELLE A ÉTÉ VIOLÉE ET TUÉE
NON, ELLE A ÉTÉ VIOLÉE ET TUÉE
Lettre ouverte à la Gazette de Montpellier
Mesdames et messieurs les journalistes de la Gazette, nous ne vous interpellerons pas sur la nécessité ou l’opportunité de donner des détails sur le meurtre de Léa : le débat a commencé la semaine dernière vos réponses sont claires.
Nous, féministes ne pouvons qu’approuver toute information visant à alerter les population sur le drame quotidien des violences faites aux femmes, sur les meurtres qui trop souvent s’en suivent : les féminicides, tant il est clair qu’ils frappent les femmes parce qu’elles sont des femmes. (Site de notre campagne pour la reconnaissance du féminicide ici.)
Rappelons qu’en France il y a : 75 000 viols déclarés par an, une femme qui meurt tous les deux jours ½ sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon, près de 90% des personnes prostituées sont des femmes, ...etc.
Cependant nous vous posons la question suivante : pensez-vous qu’intituler votre article « Léa et le Loup » était des plus judicieux ? En effet, cette tournure fait écho à l’expression : « elle a vu le loup » qui se dit d’une jeune fille ayant déjà eu des rapports sexuels, et part là elle minimise le crime et banalise le viol qu’a subit cette jeune fille en un rapport sexuel qui aurait « mal tourné ». Est-ce vraiment le message que vous souhaitez faire passer aux lecteurs-trices de la Gazette ?
Ce titre racoleur aux allures de conte de Noël en première page à l’effet contraire de ce que l’article dénonce puissamment dans les pages intérieures. Or, le traitement médiatique de tels sujets a une importance capitale sur le regard que l’on porte sur les victimes, les agresseurs et le crime en lui-même. Ce qui fait qu’un féminicide est facilement appelé « crime passionnel », semblant ainsi donner une excuse au tueur, alors qu’il n’en a aucune.